Ses enfants font vivre son œuvre

Infatigable travailleur, Xavier de Langlais (1906-1975) fait partie de ces artistes atypiques souvent méconnus du grand public, dont l’œuvre est pourtant très présente au sein du patrimoine breton. Aujourd’hui, ses enfants se sont donné pour mission de mettre en valeur les créations de leur père. Dernière en date, une fresque qui ornera bientôt le musée des Phares et balises à Brest.

Les quatre enfants de Xavier de Langlais défendent ardemment l’œuvre de leur père

« Pendant des années, j’ai eu ce tableau sous les yeux en arrivant travailler chaque matin ». Directeur de l’usine Entremont à Quimper pendant une trentaine d’années, Mikaël de Langlais, l’aîné de la fratrie, vient de sauver de l’oubli la fresque signée de Xavier, son père, et qui ornait le hall de l’entreprise. « Lorsque j’ai su que les derniers repreneurs avaient l’intention de tout refaire, je me suis inquiété du devenir de la fresque et j’ai pris contact avec les propriétaires. Ils m’ont affirmé qu’ils ne voyaient pas d’inconvénient à ce que je récupère cette composition réalisée par mon père en 1968 et m’ont autorisé à la détacher du mur, il y a quelques mois », explique-t-il. Comme ses deux frères et sœur, le fils de l’artiste est particulièrement vigilant lorsqu’il s’agit du travail de son père. Depuis plusieurs années déjà, les enfants travaillent à la mise en valeur de l’œuvre familiale, allant jusqu’à réaliser, cet été, un parcours des sites décorés par l’artiste.

À Quimper, la fresque vient d’être « démarouflée » du mur et méticuleusement roulée, avant d’être réencadrée pour veiller à sa préservation. Mais ce n’est pas tout… Le sujet traité étant un paysage maritime figurant notamment un phare au second plan, la famille a souhaité en faire don au futur musée des Phares et balises, actuellement en projet à Brest. « Notre volonté à tous est avant tout de faire vivre l’œuvre de notre père, et quoi de mieux pour un artiste que d’être exposé ? L’idée de mettre cette fresque dans un coin n’avait pas de sens, d’autant qu’elle est remarquable par le sujet traité et sa taille, environ 3 m sur 1,5 m ». Aujourd’hui, elle attend sagement dans la réserve du service culturel du Département, avant de pouvoir être à nouveau mise en lumière lorsque le musée sera terminé.

Notre père était un travailleur infatigable qui était amoureux de sa Bretagne

Depuis le décès de leur père, les quatre enfants – Mikaël, Gaëtan, Tugdual et Rozenn – ont à cœur de préserver l’œuvre paternelle. Le musée de Bretagne a racheté, il y a quelques années, des gravures de la main de l’artiste, permettant ainsi la reconstitution de l’atelier du peintre à travers une exposition réalisée en 1999. L’université de Rennes bénéficie actuellement d’un « prêt » longue durée du manuscrit du roman du “Roi Arthur” et, cette année, « nous avons fait don au Musée des Champs libres, à Rennes, de documents dont nous disposions, afin qu’ils soient consultables par le plus grand nombre », assure Tugdual de Langlais. Mais surtout, les octogénaires souhaitent mettre en valeur la personnalité de leur père et faire vivre les différentes créations de Xavier de Langlais qui sont aujourd’hui accessibles, notamment toutes celles qui se trouvent dans les différentes églises bretonnes. « Notre père était un travailleur infatigable qui était amoureux de sa Bretagne ». 

La vie quotidienne du début du XXe siècle

S’il est le dernier président du mouvement Seiz Breur – ce mouvement de l’entre-deux-guerres précurseur de l’art celto-breton moderne, et dont l’influence se fait sentir encore aujourd’hui dans la culture bretonne -, « Xavier de Langlais n’était pas un activiste ». Tugdual de Langlais réfute l’assimilation « trop rapide que l’on a faite de ces artistes, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup d’entre eux étaient seulement des Bretons attachés à leurs racines et à une culture qu’ils défendaient, ils n’étaient pas des militants nationalistes ». Peintre figuratif post-impressionniste, illustrateur prolifique, témoin passionné de son époque, graveur et écrivain de talent, Xavier de Langlais a laissé derrière lui une imposante œuvre artistique au style très personnel qui dépeint la vie quotidienne du début du XXe siècle. Fondateur de l’Atelier breton d’art chrétien, avec l’architecte guingampais James Bouillé, son travail est aujourd’hui visible dans une vingtaine d’églises de Bretagne, notamment dans le Morbihan (Ploemeur, Lorient, Sarzeau, Surzur…), et mérite le détour.

Véronique Le Bagousse

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