Gravures en Eaux Fortes
Technique :
Sont regroupées dans ce chapitre toutes les gravures qui utilisent un procédé chimique et dont le support de gravure peut être en métal (cuivre, zinc…) pierre (lithographie) le verre …
Il ne concerne pas les gravures d’épargne sur bois ou linoléum ou remplacé ensuite par les cartes à gratter.
Liste chronologique
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1930 Sacré Coeur sur cuivre
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1940 Visage de Christ sur cuivre
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1943 Christ en croix et barbelés sur cuivre
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1950 Monts d’Arrès sur cuivre
Extraits de son Journal
Gravure sur zinc ou cuivre ( voir aussi dans chapitre technique p 162 )
27/03/1934
J’ai fait aujourd’hui un peu de gravure taille directe sur zinc. Qui peut se vanter d’avoir découvert le premier une possibilité nouvelle, du moins ai-je inventé le procédé pour mon usage.
Après avoir recouvert ma plaque (zinc ou cuivre) d’émail, je la traite comme une gravure sur bois, ou plutôt une eau forte en positif. La morsure a lieu par étapes, les finesses étant protégées au fur et à mesure par un encrage à l’encre dure.
La plaque étant chaude, l’encre appliquée au rouleau coule un peu enveloppant les finesses et les empâtant. Un dernier coup de rouleau à froid raffermit l’encre aux angles.
Ainsi la morsure en morsure s’obtient une taille profonde d’autant plus profonde que les blancs sont plus larges et plus difficiles à empâter par conséquent.
La morsure est d’ailleurs à peu de chose près celle de la simili gravure, l’innovation consiste à l’appliquer à un procédé de gravure directe.
Les avantages de ce procédé sautent aux yeux.
Tirage d’épreuves d’essais. Vernis à remordre etc. Peut-être même dans certains cas application d’aquatinte.
Impression avec l’encre double ton pour obtenir une matière plus moelleuse.
C’est toute une technique à préciser.
Des finesses beaucoup plus grandes que dans le bois, du moins le bois de fil. Une facilité d’exécution extrême, des possibilités très larges permettant toutes les hardiesses.
Le grattage sur papier couché, qui m’a jamais tenté, car c’est un procédé bâtard, ne peut être comparé à ce que j’appelle la gravure directe. La nervosité et la franchise du Métal se retrouvent toujours.
Au point de vue tirage, bien que le résultat puisse être comparé à la litho ou à l’eau forte suivant l’esprit de la gravure traitée, une simple mise en train typo.
Dans l’exécution comme dans la morsure, j’envisage mille adaptations de procédés d’eau forte.
Visage de Vierge
04/06/1934
J’ai travaillé à une eau forte commencée vendredi : un visage de Vierge très doux.
06/06/1934
Après une lourde journée de travail, je me trouve presque heureux que ma gravure soit ce soir, au même point qu’hier. Une morsure imprudente ce matin a failli tout gâcher. Il m’a fallu user longuement au charbon les parties trop dures.
J’ai tiré jusqu’ici exactement trente sept états.
Ma petite Vierge s’achève.
09/06/1934
Que n’ai-je laissé mon eau forte en son état d’hier soir ! Je ne l’ai pas abimée mais affaiblie par des états successifs.
L’extrême tendresse du cuivre est le grand écueil, à mon sens j’ai tiré trop d’épreuves d’essais (94 jusqu’ici… une folie). Peu à peu ma gravure s’est fatiguée, grisaillée, comme après un trop nombreux tirage. Il me faudra remordre certaines parties.
12/06/1934
J’ai achevé ce matin ma gravure trop souvent reprise. J’ai réussi pourtant je crois à lui redonner sa jeunesse perdue. Dans tous les cas j’ai réalisé un progrès au point de vue procédé, de mes trop rares eaux fortes, c’est la mieux gravée.
J’en ai cherché la composition par le nombre d’or, ou plutôt je l’ai contrôlée et précisée par la Section dorée.
Pourquoi dédaignerions nous des tracés régulateurs dont les Maîtres de la Renaissance (et les anciens avant eux) se servaient en grand secret comme de merveilleux alliés.
Pris comme contrôle sur une ébauche de premier jet faite d’instinct, le nombre d’or ne peut qu’enrichir la composition définitive de rappels harmonieux.