1958 Notre Dame de la mer ETEL

Code XL : xavierdelanglais-OR-NDM-FRE-1958

 

Titre : Notre Dame de la mer ETEL  (NDM)

Technique : Fresque  Murale (FRE)

Description :  Dans  l’église d’Étel, la fresque a été réalisée au mois d’août 1958 par Xavier de Langlais

Précision date : Daté et signé   (DS)

Dimensions : en hauteur 10.5 m  * 13 m de large

Thème : Religieux Marial

Connu du public par : Eglise paroissiale d’Etel  dans le Morbihan

Code XL : xavierdelanglais-OR-NDM-FRE-1958

 

Dans  l’église d’Étel, la fresque a été réalisée au mois d’août 1958

Cette église succédait dans son œuvre à celle de La Richardais (en Ille-et-Vilaine) exécutée pendant les étés de 1953 puis de 1955.

Xavier de Langlais a déjà utilisé la peinture à l’huile sur toile comme on a pu le voir à Sarzeau et à Surzur, et précédemment l’huile sur fibrociment qui craint l’humidité, comme il va le constater, puis la peinture sur du lap, un matériau issu du ciment qui se révèle beau mais trop lourd. Ces désillusions l’on incité à s’orienter vers la fresque pour La Richardais. Pour se conforter, au mois de novembre 1955, Xavier de Langlais décide d’aller voir sur place les fresques italiennes à : Florence, Assise, Pérouse, Orvietto, Sienne, et Pise. Il en a rapporté “de précieux enseignements” dit-il et beaucoup de plaisirs. Il revient convaincu et, en 1956, regrette de devoir décorer sur de la toile la chapelle de l’évêché de Saint-Brieuc.

La paroisse d’Étel est issue de celle d’Erdeven en 1849, à une époque où le village comptait 700 âmes. On se contenta alors dans un premier temps de restaurer la chapelle, mais l’augmentation de la population nécessitât un agrandissement.

Une église ne se concevant pas sans clocher, en 1900 la paroisse voulut en faire construire un. Mais les relations entre l’Église et l’état étant tendues à cette époque, le projet est abandonné.

En 1957 l’église a besoin d’être rénovée :

  • À l’extérieur : une flèche de charpente et d’ardoise est construite au-dessus de la chambre des cloches, ce qui est le clocher d’aujourd’hui.
  • À l’intérieur cela va être l’austérité, on détruit tout, dont le décor du chœur.

C’est ainsi que l’abbé Ezvan a l’idée d’une décoration contemporaine et s’adresse à Xavier de Langlais, fresque que vous pouvez admirer.

Xavier de Langlais décide d’honorer la sainte patronne des lieux : Notre-Dame de la mer et d’utiliser la fresque pour Étel, la dimension du panneau s’y prête bien.

Grâce aux dessins que nous avons conservés, nous pouvons suivre la progression de son projet :

  • L’observation sur place des hommes et des femmes de la mer et des poissons et de la vie locale.

 

  • Une étude encore vague avec une vierge en personnage principal, des pêcheurs, des femmes de pêcheurs et des poissons. Ils reflètent la vie locale : la pêche et la conserverie.

  • Une étude plus approfondie coloriée.

 

  • Une nouvelle étude où le dessin se précise et où il indique les cottes. On distingue les traits d’harmonisation au nombre d’or et le dessin des carrés qui lui serviront de points de repères pour agrandir la maquette à l’échelle de l’ouvrage en gardant les proportions.

  •  un dessin fait à Rennes un lundi après-midi avec un modèle vivant, dessin qui sera repris dans la fresque. Cette femme comme les pêcheurs offrira à la vierge le fruit de leur travail.

 

Tout ceci représente un énorme travail de préparation et de réalisation.

De la maquette il faut passer dans son atelier à un dessin grandeur nature qu’il réalise sur des feuilles de papier kraft à l’échelle de la dimension des carrés dont il a divisé son projet. Il passera ensuite une roulette à pointes sur les traits du dessin. Grace aux trous ainsi créés, sur place il projettera de la poudre bleue qui passant à travers les trous et fera une esquisse de son dessin sur l’enduit.

Photo de la roulette

 

Autre outil de travail : la palette XL qu’il a conçue.

 

Photo de la palette XL

 

Palette que Gaëtan et moi découpions pour nous faire de l’argent de poche avant qu’elle ne soit commercialisée par Jullian, puis Lefranc. Des sites Internet en parle encore. Elle était conçue à partir du nombre d’or. Je vous conseille de consulter Wikipédia, je vous dirais seulement la définition : “Le nombre d’or ou divine proportion”, il serait apparu sous l’antiquité. Xavier de Langlais le pratiquera pour la conception de toutes ces œuvres

Le travail de préparation d’Étel est terminé le 2 juin 1958. Ce jour-là dans son journal on peut lire :

J’achève l’agrandissement de mon esquisse de décoration pour l’église d’Étel. Le sujet est magnifique et je crois qu’il m’a inspiré : l’offrande de la vie des marins d’Étel à la Vierge. Cette composition, riche en symboles, est comme toutes mes grandes compositions harmonisées suivant les données générales du nombre d’or.

Je n’ai pas éprouvé de grandes difficultés à agrandir ma maquette et j’en conclus que j’exécuterai assez rapidement la décoration sur mes fresques, comme à La Richardais)

Il a toutefois des inquiétudes sur la qualité de l’enduit qu’on lui préparera. Il espère s’être bien fait comprendre.

Rendu sur place, ces feuilles de papier kraft sont ensuite plaquées sur la chaux à l’endroit prévu. Il projette la poussière bleue qui passe à travers les petits trous laissés par la roulette ce qui lui donne une esquisse du dessin.

Pour la réalisation il faut enduire le mur de sable et d’une chaux éteinte qui finalement est de très belle qualité. Le mortier est étendu par le maçon sur une épaisseur de 5 mm maximum que l’artiste égalise au rouleau. Le premier jour, tout semble parfait, mais le lendemain matin, rude déception : il faut tout recommencer, l’éclairage est insuffisant car les spots sont mal placés ! Il faudra des tubes lumières du jour. Souvent, le lendemain, il doit recasser son travail au burin. La seconde livraison de chaux n’est pas assez éteinte. À cela s’ajoute les variations d’humidité dues au temps. Ainsi il finit son travail à 9 heures du soir et se couche aussitôt après le diner.

Heureusement il a pour l’aider un excellent maçon Jacques Peireira, un “lion” note-t-il dans son journal.

L’inauguration aura lieu le 20 octobre 1958. Cette fresque a beaucoup plu et les journaux s’en font toujours l’écho.

 

2 Article d’Ouest-France pour :

  • Annoncer la fin de la fresque
  • Annoncer l’inauguration le 20 octobre 1958

 

Parution y compris quand le drame du chavirement du canot Bombard aura lieu un an après en voulant franchir la Barre d’Étel et la tragédie routière du Pigeon Noir.

 

Article de la Liberté du Morbihan

Une opportunité d’évoquer le nombre de morts à ces occasions et de faire un rapprochement entre le nombre des personnages figurant sur la fresque et les victimes des accidents évoqués ! On peut y lire :

“Et puis il y a un symbolisme… On y entend dire que la fresque, terminée avant les malheurs de l’automne dernier offrait comme une préfiguration de ces derniers. On établit une sorte de relation entre le nombre des personnages et celui des victimes – hommes et femmes – deux drames : celui de la barre d’Étel, et la tragédie routière survenue au lieu-dit : le Pigeon noir. L’imagination populaire n’hésite pas à faire de tels rapprochements…”

 

Extrait de l’article paru dans la Liberté du Morbihan le 26 novembre 1959.

 

Présentation de l’église Étel le 24 mai 2019 :

réalisé par Tugdual de Langlais.




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