SKIGNET D’AR SEIZH AVEL –

EDITEUR  MALADURIOU HOR YEZH
PUBLIE   EN  2013   Edition sans nouvelles illustrations
AUTEUR  LANGLEIZ
ILLUSTRATEUR ; 0
code ISBN  978-2-85863-169-5
code GW  :  JB-MHY-RE
SYNOPSIS : Les quatres vents : “ar seihz arvel”, 136 articles parus en breton dans le journal “la Bretagne” de 1941 à 1943″ écrits par Xavier de Langlais et traduits en français. Introduction de Erwan HUPEL.

Xavier de Langlais (Langleiz 1906-1975) est connu pour ses œuvres ancrées tant dans le domaine des arts plastiques (gravures, peintures, fresques) que dans le domaine littéraire (poésies, romans, théâtre). Mais il a également été chroniqueur pour le quotidien « La Bretagne » durant la Seconde Guerre mondiale. Ses articles, rédigés en breton, sont pour la première fois regroupés dans cet ouvrage avec une traduction en français. L’auteur y témoigne des difficultés de la vie quotidienne, de ses impressions, de ses contrariétés, de ses coups de colère ainsi que des luttes pour la langue bretonne.

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Thèse de Glenn Gouthe en 2021

Ar Seiz(h) Avel
La particularité de cette chronique est qu’elle est signée d’un pseudonyme Lan hag Hervé, sous lequel se cache de nombreux collaborateurs. Au début, c’est Fañch Éliès qui prend les commandes de cette chronique en compagnie de Youenn Drezen. Ils vont d’ailleurs être les principaux rédacteurs des différentes chroniques jusqu’à la fin de 1941.
Puis à la fin de 1941, début 1942, Xavier de Langlais devient « rener » ou « directeur » du
« Kornad ar brezhoneg » ou « coin du breton » selon ses propres mots. Ce nouveau métier
va le confronter à l’urgence de rédaction et d’édition de chroniques journalières :
« Na lontek ur gazetenn bemdeziek avat ! Na diaes he boueta ! Diaes ha skuizhus. A-feur hag a gentizh ma tremene an devezhioù, ar sizhunvezhioù, ar mizvezhioù, ar bloavezhioù zoken, e teue “paperennoù” hon daou gomper da vezañ roueshoc’hrouesañ. Ha ret embann memestra ur pennad e brezhoneg bemdeiz… Adal neuze, e tremenis ar pep sklaerañ eus va amzer o pediñ hemañ, oc’h aspediñ hennezh, da sevel un danevell bennak evit “kornad ar brezhoneg”. Ha pa vefe ur wechig an amzer. »
« Mais un journal quotidien est si vorace ! Qu’il est difficile de le nourrir ! Difficile et fatiguant. Au fur et à mesure que passaient les jours, les semaines, les mois, et mêmes les années, les “papiers” de nos deux compères devenaient de plus en plus rares. Mais il faut quand même publier un article en breton chaque jour… À partir de là, je passai le plus clair de mon temps à demander à l’un, à supplier l’autre, de faire un article quelconque pour “le coin du breton”. Ne serait-ce que de temps en temps. »
Ainsi, cette nouvelle fonction venant s’ajouter aux illustrations qu’il devait faire par ailleurs
ainsi que son activité artistique et littéraire, lui permet de s’exprimer en langue bretonne et de
s’essayer à un nouveau style littéraire, plus léger cette fois, et, de fait, moins élaboré. Yann
Fouéré dit quelques mots à propos de cette période avec Xavier de Langlais : « … je pus l’aider
à sortir d’une situation matérielle difficile en lui confiant les illustrations de nos chroniques et
de nos feuilletons et la rédaction de notre petite chronique quotidienne en breton. »
Sa situation financière était en effet délicate. Avec trois enfants, un métier d’artiste et d’écrivain, breton qui plus est, n’étant pas le plus rémunérateur, il lui fallait trouver de quoi pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Yann Fouéré poursuit : « Il écrivit lui-même nombre des Seizh Avel, le reste étant l’œuvre d’un réseau de collaborateurs bretonnants qu’il avait rassemblés. »
Il va rester à la tête de cette chronique jusqu’au dernier numéro paru le 6 juin 1944. Il revendique la paternité de cent trente-sept chroniques, bien qu’il affirme en avoir écrit plus début 1944, comme les auteurs devenaient de plus en plus rares. Il les classe, sans préciser les titres, dans deux catégories : Littérature et Actualités. Il y détaille les différentes thématiques : conte, blagues, souvenirs, critiques à propos des nouveaux livres, combat pour le pays (pour ou contre), les difficultés endurées à cause de la guerre, vie à l’intérieur de l’Emsav. Il a préparé l’édition d’un ouvrage présentant ces chroniques. Mais il n’aura pas le temps de faire aboutir ce projet.
Cependant, une édition voit le jour en 2013 reprenant le titre qu’il a choisi : Skignet d’ar Seizh
Avel (« Éparpillé aux quatre vents ») . Cent trente-six chroniques sont publiées. Ses archives comprennent deux chroniques supplémentaires mais barrées par Xavier de Langlais, ce qui monte le nombre de chroniques présentes dans ses archives à cent trente-huit. Les deux chroniques barrées sont : « An daou zen sot hay [sic] ar c’herdin » (24/02/1944) et « Julig hag ar garantez » (29/02/1944). La première est une histoire sous forme de farce décrivant deux fous essayant de s’échapper d’un asile. La deuxième est aussi une histoire drôle mettant en scène le personnage de Julig qui rêve d’une fille mais qui s’aperçoit à son réveil qu’il embrasse un agneau.
Les chroniques publiées dans la Bretagne sont d’abord toutes écrites soit en K.L.T. soit en
Vannetais. Xavier de Langlais, lui, va écrire en K.L.T. uniquement, jusqu’à la chronique du 13-
14 septembre 1942. À partir de cette date et de sa chronique « Ur gavadenn a reas trouz »,
toutes les chroniques écrites en K.L.T. sont dorénavant rédigées en peurunvan, nouveau
système orthographique adopté dans la deuxième moitié de l’année 1941. Seules quelques
chroniques utilisant la graphie vannetaise vont continuer à paraître jusqu’à celle du 18-19
octobre 1942 « Girieu ha Troienneu ». Par la suite, toutes les chroniques garderont le même
système graphique : le peurunvan. Xavier de Langlais va d’ailleurs modifier l’illustration de la
chronique jusqu’ici écrite « Ar Seiz Avel » à partir du 25 juin 1943 pour désormais l’écrire :
« Ar Seizh Avel ».
Les chroniques de Xavier de Langlais brassent des thématiques différentes. Cependant, on
remarque qu’il a des préférences. Nombreuses sont les chroniques traitant de la culture. Des
critiques ou publicités pour des ouvrages en breton : « Lommig » (26/05/1942), « Pedomp »
(11-12/10/1942), « De hortoz kreisnoz » (10/12/1942). Des histoires drôles, anecdotes sous
leurs formes les plus diverses : « Perig o pompa dour ! » (31/08/1941), « An durzhunell a ouie
komz » (11/03/1943). Des chroniques nombreuses parlent de jeux : « Ar c’hoari Gwezboell »
(05/01/1943), « Ar c’hoari tinet en Aljeri » (19/11/1942). Mais aussi de personnalités : « Katell
a Francheville (1620-1689) hag ar brezhoneg » (13/08/1943), une personnalité issue de sa
propre famille. Les chroniques sont riches de sujet divers et variés et la parole y est libre comme le précise Erwan Hupel : « Il a osé écrire en breton alors qu’il n’avait pas reçu la langue dans sa plus tendre enfance, il a osé parler de tout et de toutes les façons qui étaient les siennes avec la langue qu’il avait choisie » Mais Xavier de Langlais a bien conscience que cette
production, en termes de qualité, reste en-deçà de ce qu’il propose d’habitude :
« An danevelloùigoù a vo kavet ennañ […] ne greskint ket kalz va brud evel
“skrivagner ha barzh”, marteze. Savet int bet diwar-benn sigurioù moan a-walc’h
a-wechoù, war an tomm, hag a-herr. Hogen bev-buezek int, en eskemm, ha skrivet
en un doare skañv. »
« Ces petits récits que l’on y trouvera […] ne feront pas beaucoup grandir ma notoriété comme “écrivain et poète” peut-être. Ils ont été écrits sous des prétextes assez maigres parfois, à chaud, et à la va-vite. Mais au contraire, ils sont vivants, et écrits de manière légère. »
Puis il précise :
« Ha mar ne glotont ket mui gant temz-spered hor c’houlz-amzer, ken disheñvel
diouzh koulz-amzer ar brezel, ne vo nemet un abeg ouzhpenn, evit ar re n’o deus
ket anavezet an darvoudoù a zanevellan, pe a venegan en ur dremen, da gemer
plijadur gant ur seurt lennadenn. »
« Et bien qu’ils ne coïncident plus avec l’état d’esprit de notre époque, si différente de l’époque de la guerre, ce ne sera qu’une raison de plus, pour ceux qui n’ont pas connu les évènements que je raconte, ou que je cite en passant, de prendre plaisir en les lisant. »
Bien souvent, ses chroniques font références à une actualité du moment. Il n’hésite d’ailleurs
pas à critiquer le centralisme de l’époque dans « Pariz-Atao » (24/06/1942) ou bien encore des
décisions prises par le gouvernement dans « Pask kenta Tud ‘zo !… » (13/06/1942) à propos des tickets de rationnement pour la première communion d’un enfant. Il va d’ailleurs même
critiquer son propre journal La Bretagne dans « Kanaouennoù hudur » (30/12/1942), lorsqu’il
se montre d’accord avec un article de Arvor, revue hebdomadaire de Roparz Hemon, dénonçantun journaliste se moquant des étudiantes de Rennes, choquées par des chansons paillardes. La défense de la langue bretonne et son enseignement sont des sujets bien présents également : « Un enklask meur d’ober : ar galleg en hor pardoniou » (03/09/1943), « Deiz ha bloaz peurunvanidigezh an doare-skrivan » (08/07/1943). Ces collectages d’avant-guerre vont lui servir aussi dans la création de « Brezhoneg ar sul » le 18 juillet 1943, les chroniques spéciales du dimanche, les seules signées, sur le breton populaire. Il va y publier quelques-unes de ses trouvailles de Surzur : « Brezhoneg ar sul » (25/07/1943).
La religion est également bien présente. Il y parle à plusieurs reprises des pardons, et notamment de Sainte Anne dans « Santez Anna an holl Vretoned » (01/09/1942) ou bien Saint François d’Assise dans « Madelezh Sant Fransez » (25/06/1943) dans lequel il préconise de prendre exemple sur lui, de faire attention à la nature et de ce fait, faire attention aux autres : « Hogen muioc’h a garantez evit pep tra vev a zougfe hor c’halon, a gredomp, da vezañ tostoc’h ouzh hini hon nesañ. Ha gant an amzerioù a vevomp, ne vefe ket un dra fall ! »
« Mais nous pensons que plus d’amour pour toutes choses vivantes aiderait nos cœurs à se rapprocher de notre prochain. Et dans l’époque où nous vivons, ce ne serait pas une mauvaise chose ! »
C’est d’ailleurs vers une recherche de la paix que sous-tend le fond de ses chroniques. Il prend
exemple sur Gandhi dans « Ar Sgentel [sic] a ro Gandhi… d’ar Vrezhonegerion » (27/04/1943)
lorsque celui-ci évoque le problème de la langue anglaise en Inde. Et Xavier de Langlais de
conclure : « Pobloù all a zo ivez o c’houzañv gant an hevelep poanioù. Ne vefe ket fall deomp,
ur wech an amzer, sellout ouzh ar pezh a ra ar pobloù-se da glask en em zifenn. »
« Il y a d’autres peuples qui souffrent des mêmes douleurs. Ce ne serait pas mauvais pour nous, des temps en temps, de voir ce que font ces peuples pour se défendre. »Quand il
parle de la guerre c’est pour essayer de savoir quand est-ce qu’elle finira : « Pegoulz ez echui
[sic] ar brezel-man ? » (26/05/1943).

Glenn Gouthe  thèse 2021

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