1935 CHEMIN DE CROIX de TREMEL (22)
Titre : CHEMIN DE CROIX de TREMEL
Édition : Oeuvre monumentale
Auteur : Paroisse de Tremel (22)
Illustrateur : Xavier DE LANGLAIS
Année de réalisation : 1935
Dimensions : 70*50 pour chaque station.
Nombre de stations : 14
Description : Chemin de croix réalisé par Xavier de Langlais : en 1935 pour cette église paroissiale. C’est le tout premier chemin de croix de ce style qui sera sensiblement différent pour Trezelan (22) et La Baule (44) en 1936.
la commande date de 1934 et a été livré en juillet 1935, XdL explique dans un courrier qu’il a travaillé sur ce projet depuis le 15 janvier 1935 et souhaite le livrer le 15 juillet de la même année, le curé ne veut pas le recevoir avant qu’il n’ait reçu une bénédiction (le chemin de croix), ils entament des pourparlers…
24/12/34 Commande définitive d’un chemin de Croix à Trémel. J’ai reçu du recteur, le plus sympathique accueil. C’est vraiment une joie de travailler pour qui vous comprend… mais une joie rare…
30/01/35 J’ai commencé hier mes premières maquettes pour le chemin de croix de Trémel. Mes compositions sont plus équilibrées que celles du Lap, plus pleines surtout. Les personnages sembleront moins maigres sur le fond. Il y a déjà un enseignement à tirer de la comparaison de ces simples maquettes et des maquettes du lap. Je me débarrasse enfin de cette raideur qui étrique les gestes les plus expressifs. Mes lignes s’assouplissent et s’humanisent.
Peut être ai-je tort de noter ainsi les progrès que je crois faire, à en croire ces cahiers, ma meilleure chose serait toujours la dernière faite…. Mais cependant c’est un fait, depuis 3 ans ( Plounevez Quintin chemin de croix) j’ai fait de très constants progrès. D’un ouvrage à l’autre, je sens une acquisition, compréhension et expression.
Il s’inscrit parfaitement dans la lignée du mouvement du renouveau de l’art breton des “Seiz Breur”. Mais James Bouillé et Xavier de Langlais fondent, en 1929, « l’Atelier Breton d’Art Chrétien » ou en breton « An Droellenn » la spirale qui aura pour spécificité le renouvellement de l’art religieux en Bretagne : bien évidemment l’architecture, la peinture et la gravure mais aussi la sculpture, les vêtements sacerdotaux, le mobilier d’église, l’orfèvrerie, etc.; Il est dit dans la revue, « L’artisan liturgique », en parlant de James Bouillé « le grand audacieux qui en Bretagne, a eu le courage de rompre avec la routine. »
IVème station
VIème station
XIIème Station
« Le geste du Cyrénéen, raccourci léger du bras, la tête penchée du Christ, la main haineuse tendue. Ces quelques accents contrôlant une composition toute imaginative, lui confère quelque chose de plus humain.
XIIIème Station.
« Le Christ oblique auquel Saint Jean fait contrepoids sans équivalence fâcheuse. La Vierge, dont seul le visage douloureux apparaît dans l’angle opposé, et de l’autre côté du Christ, la nuque délicieusement féminine de la repentie, qui met un peu à l’écart, une note plus humaine sans être profane »
Ce chemin de croix a été détruit par le terrible incendie de l’église en 2016. la famille de Langlais fait don de ces deux originaux provenant de leur collection particulière. Ces stations avaient été faites par l’artiste pour présenter un modèle de chemin de croix et reproduits à l’identique pour Tremel.
XII em station copie de 1935
Histoire de cette commande :
Nombre d’illustration(s) : 14
Code GW : OM-CCT-EO
Article de presse 8/35
Mr l’abbé Le Roy a demandé le concours d’un jeune artiste dont le talent s’affirme de plus en plus. Xavier de Langlais est surtout connu du public par ses gravures sur bois desquelles se dégage une émotion d’une puissance étonnante. Ce qui frappe, dans les œuvres de Xavier de Langlais, ce n’est pas le dessin, qui a parfois des faiblesses que relèvent les professionnels, mais bien la vérité de la conception et une expression sentimentale envahissante.
A dire vrai, à part les copies d’école, nous ne connaissons pas de peintures de Xavier de Langlais. Nous pensions, étant donné sa brillante réussite dans la gravure, que notre Morbihannais se contentait d’opposer le blanc au noir. Le chemin de croix de Trémel nous révèle un peintre habile, un peintre sage, un grand peintre.
Ne vous attendez pas à trouver sur les quatorze stations le grand déploiement de figurants dont se compose généralement la Passion du Christ. Ici pas de soldats casqués aux attitudes tourmentées; pas de femmes gisantes se lamentant en groupe; pas d’anatomies à la Michel-Ange. Le chemin de croix de Xavier de Langlais parlera au cœur des croyants par sa simplicité. Arrêtez vous par exemple devant la quatrième station “Jésus rencontre sa mère”, et… taisez-vous ! N’interrompez pas le douloureux dialogue. Laissez s’envoler dans le silence les paroles qui se forment sur les lèvres du Christ et pleurez avec cette Vierge dont la douleur est poignante, humaine vraie. La douleur vraie…
Voilà la qualité première de l’œuvre de Xavier de Langlais. Aucun artifice dans la mise en scène. Des tuniques aux plis modestes, une croix vraiment lourde pour les épaules meurtries, des yeux qui montrent leur chagrin, donnent à ce magistral travail l’atmosphère que tant d’artistes ont cherchée sans la réaliser.
Ceux qui verront dans l’église de Trémel l’œuvre de Xavier de Langlais se reporteront instantanément, par la pensée, vers un autre chemin de croix célèbre, celui de la Clarté-Perros. Et immédiatement, sans le moindre effort cérébral, le parallèle s’établira : Xavier de Langlais, Maurice Denis.
Le fait de comparer notre jeune compatriote (il n’a pas trente ans) au Maître dont les toiles figurent dans les musées nationaux ou ornent des églises renommées, est déjà, pour Xavier de Langlais, un sérieux éloge.
La vérité et la simplicité de l’oeuvre de Xavier de Langlais, opposées à l’artificiel et à l’archaïsme de celle de Maurice Denis, font que, s’il nous fallait choisir entre le chemin de croix de la Clarté et celui de Trémel, notre enthousiasme irait, sans chauvinisme et sans crainte de sarcasmes, vers le jeune et transcendant peintre breton qu’est Xavier de Langlais.
André Rouault.
Illustrations associée(s) :
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