1938 Koroll ar Marv hag ar Vuhez / Danse de la Vie et de la Mort – revue SAV
Titre : Koroll ar Marv hag ar Vuhez / Danse de la Vie et de la Mort (KMHV)
Édition : revue SAV (SAV)
Auteur : Xavier de Langlais
Illustrateur : Xavier DE LANGLAIS
Code XL : AP-SAV-KMHV-EO
Type de publication : Pièce de théâtre
Type d’édition : illustrations originales (IO)
Langue : Breton et Français
Année de publication : 1938
Dimensions : 19*23
Nombre de pages : 80
Synopsis : Il s’agit d’une pièce de théâtre sous forme de dialogue ou la Vie et la Mort sont personnifiées. Cette fresque poétique permet a l’auteur de poser des questions d’ordres philosophiques et spirituelles existentielles. La nouvelle édition de 2006, contrairement a celle de 1938 comporte la traduction française de l’auteur et la partition musicale de Georges Arnoux.
C’est dans la revue SAV (Strollad Ar Vrezonegerien) que Xavier de Langlais publie sa deuxième pièce de théâtre : Koroll ar marv hag ar vuhez (danse de la vie et de la mort). Il utilise l’orthographe K.L.T. comme celle de Gwalarn. Un
détail est cependant à noter, il écrit Marv avec un [v] et non un [o] comme il l’a fait dans Kanou en noz. Il ne dit nulle part pourquoi il a utilisé cette forme plutôt que l’autre. Peut-être était ce une manière de rendre accessible à tous. Le [v] étant plus proche visuellement du [ù] vannetais que ne l’est le [o].
Si Xavier de Langlais publie sa nouvelle pièce de théâtre dans la revue SAV et non dans celle de Gwalarn, c’est vraisemblablement car il est tout simplement ignoré par Roparz Hemon, ce dont il fait part à Pierre Bourdellès, son professeur de breton en 1939 : « Gwelet hoc’h eus marteze war Gwalarn penaos ne felle ket mui da R. Hémon skriva va hano ! » « Vous avez peut-être vu dans Gwalarn que R. Hemon ne veut plus écrire mon nom !. Une autre
raison peut-être aussi son lien resté fort avec les Bretons de Paris et l’association Ker Vreiz, fondée par son ami Yann Fouéré, à laquelle la revue SAV est directement liée.
Changement de ton et d’univers. Cette pièce est un dialogue entre deux personnages : la Vie et la Mort. On suit au début les répliques de la Vie qui ne sait pas qui est la Mort, puis elle prend finalement conscience de qui elle est et sombre dans le chagrin. Mais la Vie finit par comprendre que la Mort n’est pas une fin en soi à partir du moment où la Mort explique qu’il existe un autre
monde, celui de la jeunesse éternelle. Ainsi la fin marque l’alliance entre la Vie et la Mort vers le “Baradoz” (Paradis)
.
Il est question ici d’un « poème scénique » selon les dires de l’auteur, entièrement rédigée en vers. En effet, Xavier de Langlais indique à la fin de cette édition : « Emañ an Aotrou Arnoux, ar sonaozour brudet, o sevel eur sonadur evit ar barzoneg-mañ. »
« Monsieur Arnoux, le célèbre compositeur, est en train de composer une pièce musicale pour cette poésie. »
Il considère son texte d’abord comme un long poème. Les vers suivent une forme assez semblable à son recueil Kanou en noz. On retrouve aussi le rythme et la mélodie caractéristiques de la construction de ses vers.
Le travail de versification est par endroit, remarquable :
Kredet em boa… met n’en deus nikun !
Me hunvree, daoulagad digloz.
Ar Roz a vleun em c’halon dilorc’h
Sec’hor an deiz ne c’hell o gweñvi.
——
A-dreuz d’ar c’hleuz, an heol o tihun
A sun ar gliz e kalir ar roz,
Kloz tuchantik ha bremañ digor,
Glebor an noz a ruilh war ar pri.
On retrouve ici son travail sur les rimes internes. Certes, elles ne sont pas si cadrées que celles des anciens mystères bretons mais cherchait-il à copier ? À l’image de Kanou en noz, on comprend qu’il souhaite rester libre sur sa façon de s’exprimer. Cette liberté, Erwan Vallerie en fait part dans sa préface à la réédition de cette pièce en 2006 :
« Xavier de Langlais n’est pas dans l’air du temps, et c’est tant mieux : il n’y a que les écrivains hors du temps qui valent qu’on les lise. Car ils sont les seuls à nous apporter un enseignement. À lire les autres, nous n’engrangeons que de bonnes paroles qui nous mènent là où nous avons envie d’aller, là où nous serions allés de nous-mêmes. À quoi bon lire un livre dont nous sortirions inchangés ? »
La réédition de 2006 comporte, outre le texte original, une traduction de Xavier de Langlais ainsi que la partition de Georges Arnoux. Ce compositeur de musique savante a beaucoup utilisé de thèmes issus de la tradition populaire pour en faire des arrangements et orchestrations.
À partir de 1939, il fait partie du mouvement des Seiz Breur442. Les choix musicaux de Georges Arnoux n’ont cependant pas toujours plu à Xavier de Langlais bien qu’il le considère. Son journal fait mention d’une anecdote y faisant référence :
« Retour de Quimper. Je m’habitue difficilement au chant de “Mouez Va Yaouankiz” tiré de “Rozenn Kaudan” par Arnoux. Il a agrémenté ce thème populaire d’une admirable fraîcheur et d’une délicieuse nostalgie d’une “chute en 7è” (qu’il dit) qui tranche singulièrement. Ce passage se défend en soi, mais se relie mal au reste. Nos musiciens ont une façon d’utiliser les thèmes populaires, que je comprends mal. Cela doit tenir à une absence totale d’imagination ! On doit pouvoir rester dans l’esprit en s’écartant de la lettre (mais il faut rester dans l’esprit) Or ils ne prennent que la lettre, et lorsqu’ils innovent, sur ce point de détail, ils le font avec la hardiesse d’une technique évoluée… mais évoluée hors du climat celtique. Dans tous les cas hors de la technique populaire dont ils n’avaient pas su s’échapper dans l’ensemble
du morceau. » ( Journal XL 11/06/1939)
C’est en tout cas à Georges Arnoux qu’il confie le soin de composer la bande son de sa pièce de théâtre. On trouve aussi plus de détails dans les archives, notamment sur les didascalies d’introductions où il précise la mise en scène et les costumes, mais qui n’ont pas été inclus dans l’édition de 1938.
C’est entre 1938 et 1941 que Georges Arnoux compose l’accompagnement sonore de la pièce Koroll ar Marv hag ar Vuhez. Elle a d’ailleurs été donnée selon Fañch Éliès sur Radio Rennes le 8 octobre 1941.
Il y a eu peu de retour public sur sa pièce. De fait, elle ne fut pas jouée sur scène, la guerre s’immisçant dans les projets de mises en scène pour le Bleun-Brug de 1939. Roparz Hemon dit son avis en une ligne dans Gwalarn de mars-avril 1938 : « Paket braoik a-walc’h (d’ezañ eun tammig re marteze blaz ar madigou sukr liou-roz) » (Gwalarn, n°112-113, p.101 (03-04/1939)) Assez bien réussie (peut-être un peu trop à l’eau de rose, édulcorée).
La pièce n’est visiblement pas à son goût. Xavier de Langlais va d’ailleurs regretter dans son journal que Roparz Hemon ne fasse pas mention de lui dans une article un an après sur la versification :
« War niverenn diweza Gwalarn en deus skrivet R. Hémon eur pennadig diwarbenn ar werzoniez. Evel kustum, bremañ, ne zistag ket va hano. Abaoe tabutou ar “brezoneg peurunvan”, ar ger-stur e Breiz, eo va lezel a-gostez, chom hep komz diwar-benn va oberennou nemet evit o saotra pe ober goap anezo. Spontus eo pegen striz-spered eo tud zo ! »
« Roparz Hemon a écrit dans le dernier numéro de Gwalarn, un petit article sur la versification. Comme d’habitude, maintenant, il ne prononce plus mon nom. Depuis les débats du “breton complètement unifié”, le mot d’ordre en Bretagne est de me laisser de côté, de ne pas parler de mes œuvres sauf pour les salir ou pour s’en moquer. C’est effrayant de voir comme certaines personnes sont fermées d’esprit ! »
Il paye ainsi son implication et son désir de voir à tout prix l’unification de l’orthographe entre 1936 et 1938
.
Et pourtant, Koroll ar Marv hag ar Vuhez était une pièce qui lui tenait à cœur. Le témoignage de Ronan Huon nous le confirme HUON (1975):
« Bez e oa skridoù all en devoa meneget en ul lizher e miz Meurzh 1972 : “A-hendall me ‘garfe embann un doare barzhoneg am eus skrivet pell zo, hag am eus echuet en deizioù-mañ diwar-benn ar Gelted Sul Fask ar Gelted e anv emichañs. Va c’hoant a vije moulañ anezhañ war un dro gant Koroll ar Vuhez hag ar Marv [sic] bet embannet gwechall gant Sav, e-korf ar gelaouenn hepken. Tresadennoù a savfen evit an div oberenn-se ha pa ne vefe nemet evit reiñ dezho un tammig muioc’h a fetisted“. »
« Il y avait d’autres écrits qu’ils m’avaient cité dans une lettre en mars 1972 : “Sinon, j’aimerais publier une sorte de poésie que j’ai écrite il y a longtemps et que j’ai finie ces jours-ci à propos de Celtes, je pense l’intituler Le Dimanche de Pâques des Celtes. Mon désir serait de la publier en même temps que Koroll ar Vuhez hag ar Marv qui a été publiée autrefois par Sav, dans une seule revue. Je ferais des dessins pour ces deux œuvres si ce n’est que pour leur donner un peu plus d’épaisseur. »
Pêr Denez estime qu’il a demandé à publier ces deux pièces uniquement, car ce sont les deux seules qui sont construites sous formes de vers. (DENEZ (1999), p.47)
Cette publication aura donc lieu dans le numéro hommage d’Al Liamm comme il l’avait souhaité.
Nombre d’illustration(s) : 2 :
Annexe(s) :
repereannexe
Illustrations associée(s) :
Illustration de couverture : gravure sur cuivre de 1939
et celle de la P51 qui aurait été dessinée en 1972 (selon sa lettre à Ronan Huon) pour une réédition.
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