1975 – ROMANT AR ROUE ARZHUR –

ÉDITEUR  AL LIAMM
PUBLIE   EN  1975   EDITION ORIGINALE
AUTEUR  LANGLEIZ
ILLUSTRATEUR ; Xavier DE LANGLAIS
code XL  :  RB-RRA-EO
SYNOPSIS : Le cycle Arthurien écrit par Xavier de Langlais, illustré avec des lettrines de l’auteur.
Premier tome : “Marzhin”. Les tomes suivants n’ont pas pû paraitre car l’auteur est disparu top tôt après avoir achevé ce volume. il avait comme projet d’écrire l’équivalent des 5 volumes parus en français. Il a eu le temps de ne faire que les deux premiers dans ce volume. Un jour peut-être un écrivain breton traduira t’il les titres suivants ?
Nombre de pages : 192
Dimensions :  19 x 23
Illustrations originales :
Couverture illustrée en noir et rouge du titre en caractères celtiques et des lettrines en tête de chapitre.
voir les illustrations :

 

 

Traduction :   Le Roman du Roi Arthur  : 

Extrait du livre :

Feunteun Varanton

Thèse de Glenn Gouthe en 2021

Romant ar Roue Arzhur : Marzhin a été publié en 1975, quelques semaines après la mort de Xavier de Langlais.(Al Liamm, n°171, (07-08/1975), p.246)  Il s’agit de la traduction en breton du premier des cinq tomes du cycle du Roman du Roi Arthur publié entre 1965 et 1971 en français. Ce premier tome rédigé en français a été récompensé par l’Académie Française en recevant le Prix Lange en 1972. (http://www.academie-francaise.fr/prix-lange)  Xavier de Langlais avait pour projet de traduire l’ensemble des cinq tomes en breton, projet qu’il n’a
pu aboutir à cause de la maladie qui l’a emporté le 15 juin 1975. Dans l’émission radiophonique « Poètes de l’Ouest en vacances » sur Inter Bretagne et Pays de Loire le 26 août
1966 (Archives INA, Poètes de l’Ouest en vacances : Xavier de Langlais, Inter Bretagne et Pays de Loire, 26/08/1966.) , il explique pourquoi il a commencé par la version en français :
« J’espère d’ailleurs pouvoir l’écrire ensuite en breton puisque j’ai commencé ce livre en français pour différentes raisons. Évidemment, le temps d’abord. Il me fallait évidemment beaucoup de temps peut-être pour l’écrire en breton étant donné que j’essayais tout de même de me documenter. Il y avait là un nouveau travail en quelque sorte. Mais je pense l’écrire par la suite en breton. »
Ce que vient confirmer Yann Bouëssel du Bourg :
« Quand je lui exprimais, le voyant éditer son roman du Roi Arthur en français, mes craintes de le voir abandonner le breton, il me répondit qu’obligé de faire en français la plupart de ses recherches, il lui était plus facile de publier d’abord une version française de son œuvre, sinon il craignait de ne pouvoir la terminer, et qu’ensuite, il en écrirait une version bretonne plus à loisir et selon son cœur. »

La question du temps pour une œuvre littéraire de cette envergure est ici très importante. Il
poursuit : « Il comptait qu’il lui fallait dix ans pour mener à bien ses recherches et la rédaction
en français, six ou huit ans supplémentaires pour la version bretonne qui était son but
essentiel. » Par ailleurs, il paraît tout à fait logique qu’il soit plus facile pour lui d’écrire en
français, ayant de plus déjà rédigé L’Île sous Cloche en français, celle-ci étant sa langue
maternelle. Écrire en breton, comme vu auparavant, lui demandait une relecture par ses pairs,
en témoigne l’envoi du texte de Tristan hag Izold à Roparz Hemon alors exilé en Irlande, pour
lui demander son avis, ainsi qu’une recherche plus approfondie sans doute du lexique utilisé.

Cependant, comme vu plus haut lors de son interview, il a commencé à traduire le premier tome dès 1966, en atteste une publication du début du Roman dans Al Liamm. Cette première
ébauche d’un seul tenant correspondant aux deux premiers chapitres de l’ouvrage final, sera
ensuite augmentée et rectifiée dans l’ouvrage final : on trouve par exemple une erreur de genre « e dad kofesour » dans l’ébauche publiée au lieu de « he zad kofesour » dans la version finale du roman.
C’est en 1974 qu’il publie dans Al Liamm, un autre extrait tiré du chapitre dix « Kastell al
Lagennoù », cette fois-ci pour annoncer la sortie imminente de la traduction du premier tome.
Romant ar Roue Arzhur comprend, en plus du récit, une préface de Vefa de Bellaing, et en
postface, une description des éléments et personnages ainsi qu’une liste des « Levrioù ha
pennadoù skrivet e brezhoneg diwar-benn Romant ar Roue Arzhur. »
« Livres et articles rédigés en breton à propos du Romant ar Roue Arzhur. » LANGLEIZ (1975), p.189
La préface et l’historique en préambule de la version française n’ont pas été traduites.
Xavier de Langlais explique dans sa préface la démarche entreprise quant à l’élaboration de sa
version du cycle arthurien. Son idée est de pouvoir proposer une lecture nouvelle, limpide et
accessible de la légende arthurienne :
« Me plaçant dans cette perspective, je me suis efforcé de rendre à la geste du roi
Arthur son unité perdue. Cette prise de position m’a amené à retrancher de
nombreux épisodes secondaires qui figuraient dans le répertoire ainsi et à intercaler,
çà et là, quelques passages de transitions indispensables à la progression dramatique
de l’action. Faut-il ajouter que j’ai procédé à ces remaniements avec la plus grande
prudence, en m’efforçant de subordonner coupures et additions aux seules
exigences d’un plan d’ensemble équilibré. »
Mais au-delà du rôle d’écrivain, c’est aussi un rôle d’historien qu’il prend lorsqu’il élabore son
récit : « Afin de bien établir la ligne de partage entre ces morceaux de transition et les
éléments appartenant au fonds traditionnel, j’ai différencié les uns des autres de la
façon suivante : dans la table analytique des matières placées en fin d’ouvrage, les
sous-titres en caractères courants correspondent aux épisodes rigoureusement
conformes à la tradition : les sous-titres en italique indiquent les rares additions qui
m’appartiennent en propre. »
La source principale de son inspiration reste la version du XIIe siècle de Chrétiens de Troyes.
Mais d’autres sources sont venues enrichir sa proposition tels que les Mabinogion ou encore un conte breton recueilli par Yves Le Goff (Connu également sous son pseudonyme : Yeun ar Gov) comme il l’écrit, toujours dans sa préface.
C’est une étude approfondie qu’il fait de la légende arthurienne pour proposer au lecteur sa
propre version comme en témoigne sa conférence faite au congrès de l’Association Bretonne
de 1971.
Ce roman a cependant bien failli ne pas sortir du vivant de Xavier de Langlais. Ronan Huon
indique qu’il pensait d’abord publier les chroniques d’Ar Seizh Avel que Xavier de Langlais
avait réunies et préparées :
« A-benn ar fin e oa bet divizet ganin embann da gentañ Romant ar Roue Arhur.
Un taol-chañs avat, rak e soñj e oa embann da gentañ Ar seizh Avel ha neuze ar
romant ne vije bet morse echuet. D’ar 17 a viz Du 1973 e skrive : “Me zo a-du ganit
groñs. Gwelloc’h e vo moulañ Ar Roue Arzhur da gentañ hag Ar seizh Avel da
c’houde hepken. Ya, skriverezañ a rin ar pennadoù Seizh Avel kerkent ha ma
c’hellin. Met da gentañ ec’h echuin va Roue Arzhur. Pe en e beurechuiñ kentoc’h,
rak labour lipet, ha lipet mat e vo”. E dibenn e vuhez e oa prederiet bras gant e levr
nevez, evel pa vije bet mall warnañ ha pellgomz a reas din meur a wech e fin 1974
pa voe kaset an dornskrid d’ar mouler. »
Il précise également que l’étudiant japonais Makoto Noguti dactylographia le texte et Vefa de
Bellaing termina la correction « peogwir ne c’helle ket mui hen ober e-unan. »
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Son appropriation de la matière de Bretagne et de l’héritage des anciens textes prend ainsi une grande place dans la dernière partie de sa vie. Erwan Hupel juge même qu’elle est trop présente : « Le long poème qu’écrit Langleiz alors qu’il adapte le cycle arthurien, Sul Fask ar
Gelted, montre son inscription comme adaptateur/lecteur dans le paysage qu’il a contribué à redéfinir. Ce poème […] est remarquable comme symptomatique de la trop grande place attribuée à ces textes fondateurs, textes de prestige dans un horizon encore en timide reconstruction. »
Il est en effet clair que cette thématique était pour lui d’une grande importance à cette période.
Cependant, il est aussi à prendre en compte que son objectif est de rendre ces « textes
fondateurs » accessibles au plus grand nombre, en français, comme en breton.
La mort prématurée de Xavier de Langlais lui empêcha de terminer la traduction complète de
son cycle arthurien, chose qu’il avait l’intention de faire ainsi que le rapporte Herry Caouissin :
« Me confier un rôle, à mon âge ? Mais le voudrais-je, le temps me manquera, car tu m’entends, Herry, je veux achever la version bretonne de mon Roi Arthur, certains s’imaginant que j’ai renoncé à écrire en breton. »

Attendant la retraite pour s’y consacrer pleinement en poursuivant le travail d’artiste peintre aussi, la vie en décida autrement. D’autres projets littéraires sont restés à l’état d’ébauche. Et ses archives aujourd’hui sauvegardées permettent d’avoir une idée plus complète de son œuvre littéraire.

 

Glenn Gouthe  thèse 2021

 

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