2021 Méditation sur la chapelle de la Maison St Yves de ST BRIEUC (22)
Ancienne crypte du GRAND SEMINAIRE de ST BRIEUC
Illustrateur : Xavier DE LANGLAIS
Année de réalisation : 1949
Dimensions : 3m de haut par 10 m de large
Description : Choeur de la crypte du grand séminaire de ST BRIEUC réalisé par Xavier de Langlais : en 1949 : huile sur toile marouflée.
En 2016 ces batiments ont été restaurés pour devenir : la Maison St Yves, nouvel évéché de St Brieuc. Ainsi cette crypte est devenu la chapelle particulière de l’éveque Mgr Denis Moutel.
Il en fait lui même la description :
Texte de Monseigneur Moutel
XAVIER DE LANGLAIS, la créativité bretonne.
Sous la chapelle de la Maison saint Yves à Saint-Brieuc, la crypte a retrouvé sa beauté première, avec la restauration qui s’est achevée en 2017, comme pour les autres parties de l’ancien séminaire. L’ensemble a reçu des couleurs et des lignes qui sont très inspirées par la grande fresque de Xavier de Langlais réalisée en 1949.
Bien mise en valeur, cette œuvre forte inspire beaucoup de visiteurs et de priants. Je commence moi-même chacune de mes journées dans ce lieu de recueillement qui est désormais la « chapelle de l’évêché ».
Il faut un peu de temps pour se laisser toucher par cette fresque d’un membre éminent des Seiz Breur. En effet la montée du Christ au calvaire (du côté droit) est tellement réaliste qu’elle impressionne. Alors que l’ensemble « art-déco » de la chapelle supérieure est non figuratif, on entre ici dans la plus dure et la plus vraie des images. Nous pouvons dire que l’auteur ne contourne pas l’épreuve des hommes, qui est aussi le centre de la foi des chrétiens, à savoir l’offrande totale du Christ. Même si Xavier de Langlais n’a pas oublié la résurrection -voir l’évocation de la Jérusalem céleste qui se découvre entre les nuages-, nous pouvons identifier dans son attention réaliste à la vie des hommes un trait propre à son école artistique : l’enracinement populaire et la « conversation » avec son temps.
Si l’on repasse du côté gauche -il faudrait d’ailleurs commencer par là- nous découvrons un ancrage clairement breton, avec les sillons de la terre et les volutes des nuages dans le ciel, mais plus encore avec deux personnes bien identifiées, sainte Anne et la Vierge Marie. Même si les repères de couleur, et notamment le bleu, sont ceux de l’iconographie traditionnelle de l’orient, d’autres éléments ne trompent pas : avec les traits des visages, les coiffures, les tabliers, les sabots, ce sont bien deux femmes de Bretagne ! C’est une très grande douceur qui se dégage ici, par contraste avec la rudesse de la croix. La maman, Anne, pose délicatement la main sur l’épaule de sa fille, Marie, comme pour la protéger et l’encourager vers la mission inouïe qui lui sera bientôt confiée : être la Mère du Sauveur.
Ce moment de l’offrande, de la libre présentation de soi, est transmis dans une mise en scène particulièrement spectaculaire : la solennité du grand-prêtre portant le livre de la Loi ainsi que l’esquisse très religieuse de l’emmarchement et du faîte du temple.
Les regards forment une ligne invisible qui donnent le sens ultime de cette « présentation au temple ». Anne enveloppe la jeune fille de son attention. Marie, très recueillie, regarde le grand-prêtre tandis que celui-ci lève les yeux vers la lumière de la croix. Il me semble que cette ligne des regards constitue un axe majeur de l’œuvre, de même que l’axe très lourd du bois de la croix, dans la partie de droite, qui part de la terre pour monter jusqu’au ciel.
Bien des lectures sont possibles. J’ai voulu souligner par ces quelques lignes l’originalité et la grande créativité de Xavier de Langlais dans cette œuvre difficile mais tellement forte. Quand la beauté touche ainsi le cœur et l’esprit, elle porte la prière et la foi. C’est mon expérience du matin, c’est une grâce de tous les jours.
A Saint-Brieuc, le 12 mai 2021
+ Mgr Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier
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