1958 Tristan hag Izold / Tristan et Iseult

TITRE Tristan hag Izold diwae un doidigezh, 1958, .
EDITEUR  Éditions Al Liamm
PUBLIE   EN  1958
Roman en breton 
AUTEUR  LANGLEIZ
ILLUSTRATEUR ; Page de titre  pas d’illustration interieure.
code GW  :  ROM-LIA-THI
SYNOPSIS : La version bretonne de l’histoire de Tristan et Iseult vient ouvrir
une nouvelle période dans les écrits de Xavier de Langlais,
celle de la réécriture de la matière de Bretagne.
Illustrations originales :  Page de titre
Réédition Al Liamm de 1972 : disponible

Thèse de Glenn Gouthe en 2021

La version bretonne de l’histoire de Tristan et Iseult vient ouvrir une nouvelle période dans les écrits de Xavier de Langlais, celle de la réécriture de la matière de Bretagne. Erwan Hupel
met en lien cet intérêt de Xavier de Langlais avec ceux qui ont auparavant suivi les recommandations de Georges Dottin, premier titulaire de la chaire de celtique à l’université de
Rennes : étudier et traduire en breton les vieux textes celtiques.
Cet ouvrage est l’aboutissement de plusieurs années de recherches. On trouve les prémices de Tristan hag Izold dans la revue Tir na nÓg ( Revue qui fusionnera avec Al Liamm.) en 1947 mais aussi dès 1946 comme en témoigne Youenn Olier : « Lenn a reas deomp darn eus e romant “Tristan hag Izold”. » (OLIER (1986), p.113 « Il nous lut une partie de son roman “Tristan hag Izold”. »)

Puis, une étude où Xavier de Langlais présente les sources de son roman est publiée dans Al Liamm en 1952. Son élaboration a donc demandé plus d’une dizaine d’années. Tristan hag Izold sort en 1958 et est réédité par la suite en 1972. Sa sortie est précédée d’un article dans Al Liamm en 1957 publiant un extrait et la préface et faisant connaître la publication imminente de l’ouvrage. C’est la première fois que l’histoire de Tristan et Iseult est adaptée en breton. Pour cela, l’auteur s’est appuyé sur une étude approfondie des sources comme en témoignent les dix pages situées à la fin du roman, celle-là même qui fut publiée dans Al Liamm en 1952. Il y mentionne notamment Joseph Bédier, spécialiste de littérature médiéval et auteur du Roman de Tristan et Iseut (1900), mais également les textes anciens issus des Mabinogion gallois (LOTH (1913)) , ouvrage développant la mythologie celtique. La dernière partie de sa
postface détaille les sources utilisées pour cette adaptation.

« Kavet e vo, eta, em danevell an holl zarvoudoù dibabet, ha dibabet mat, gant
Bédier, nemet e vo kavet, ouzhpenn, un nebeut bruzhunoù saourus lezet da
gouezhañ gant ar mestr skrivagner ha dastumet ganin e testennoù kozh Beroul ha
Thomas pe e romantoù giz-vremañ savet warlerc’h hini Bedier gant Pierre
Champion, A. Mary hag all. »
« On trouvera donc dans mon récit, tous les évènements choisis, et bien choisis par Bédier, mais on trouvera en plus, quelques miettes savoureuses que le maître écrivain a laissées tomber et ramassées par moi dans les anciens textes de Beroul et Thomas ou dans les romans contemporains élaborés après celui de Bédier par Pierre Champion, A. Mary etc. »
C’est véritablement un désir de faire un roman complet de cette histoire d’amour. On remarque ainsi une rigueur dans sa recherche et dans l’adaptation d’une histoire bien connue en anglais et en français mais encore inexistante en breton. Il ne va d’ailleurs pas s’autoriser d’éléments nouveaux qu’il aurait pu incorporer à l’histoire :
« Netra n’em eus ijinet, koulskoude. Treiñ eus va gwellañ ar skridoù brudetañ ha
kemer, a-wechoù, va mad a-gleiz hag a-zehou, evel m’hen doa graet Bédier eunan… setu va lodenn labour, hepken, en oberenn-mañ. Marteze, e vo tamallet din bezañ chomet pell a-walc’h diouzh spered kentañ ar vojenn geltiek kozh, a oa, emichañs, kalz garvoc’h, ha krisoc’h zoken, eget houmañ… Roudenn ebet n’hon eus mui anezhi, siwazh! Ret e oa din, eta, tremen dre an aozadurioù savet en XIIvet hag en XIIIvet kantved, hag a zo brudet bremañ dre ar bed a-bezh, pe sevel un dra all nevez flamm, disheñvel a-grenn. Graet em eus va dibab : chomet on feal d’ar romant er stad m’edo emichañs, er Grenn-Amzer, pa voe brudet gant barzhed
Breizh-Izel, er c’hastelloù saoz ha normandat. »
Cependant je n’ai rien inventé. Traduire le mieux possible les écrits les plus connus et prendre mes éléments à droite et à gauche, comme l’avait fait Bédier lui-même… voici ma part de travail, uniquement, dans cette œuvre. On me reprochera peut-être d’être resté assez loin de l’esprit original de la vieille légende celtique qui était, sans doute, beaucoup plus dure, et plus cruelle même, que celle-ci… Nous n’avons plus de traces de celle-ci, malheureusement ! Il me fallait donc passer par les adaptations élaborées au XIIe et XIIIe siècles, et qui sont maintenant connues dans le monde entier, ou bien construire autre chose d’entièrement nouveau, de
complètement différent. J’ai fait mon choix : je suis resté fidèle au roman que l’on trouvait sans doute au Moyen-Âge, quand les bardes de Basse-Bretagne la faisait connaître dans les châteaux anglais ou normands.
Son objectif est clair : « Daskor da Vreizh unan eus teñzorioù bravañ he lennegezh kollet, setu
ar c’hoant am eus bet. Sevenet em eus va meno. »
« Restituer à la Bretagne un des plus beaux trésors de sa littérature perdue, c’est l’envie que j’ai eue. J’ai accompli mon idée. »

Per Denez indique qu’il lui avait « conseillé de suivre Bédier, Roparz Hemon le regrette. »
Ce que l’on devine lorsqu’on lit la critique de Roparz Hemon dans « Ar Bed Keltiek » de juillet 1958 : « E romant a zo dudius da lenn, dudiusoc’h, a gav din, eget romant Bédier » (Ar Bed Keltiek, p.248, 07/1958.. )Avis qu’il redonne par la suite dans le numéro hommage d’Al Liamm en 1975 : « Anzav a ran e voen kerseet o welout ne rae ar skrivagner nemet heuliañ labour ar Gall J. Bédier. Gwir eo e vije bet diaes ober gwelloc’h, anez ijinañ un oberenn bersonel disheñvel diouzh ar vojenn geltiek kozh. »
« J’avoue que j’avais été déçu de voir que l’écrivain ne faisait que suivre le travail du Français J. Bédier. Il est vrai qu’il aurait été difficile de faire mieux, si ce n’était imaginer une œuvre personnelle différente issue de la vieille légende celtique. »
La parution de l’ouvrage en 1958 va être l’occasion d’une conférence à l’Akadémia Raymond
Duncan à Paris sur le thème de Tristan et Yseult par Alan Raude le 16 mai 1958. (Al Liamm, n°68, (05-06/1958), p.236) L’ouvrage va bien se vendre : « Levr kaer Langleiz a zo bet gwerzhet en un doare dispar. En tu-hont d’ar 25 skouerenn er-maez kenwerzh e oa bet tennet 45 kaer-tre war Alfa ha ne chom nemet 5 anezhe. Eus ar 75 skouerenn war Offset e chom 4 skouerenn hepken. »
« Le beau livre de Langleiz a été très bien vendu. Des 45 très beaux exemplaires sur Alfa qui ont été tirés en plus des 25 exemplaires tirés hors commerce, il n’en reste que 5. Des 75 exemplaires sur Offset, il n’en reste seulement que 4. »
On retrouve également à la fin de l’ouvrage un lexique des « Gerioù diaes (nebeut anavezet) »
« mots difficiles, (peu connus) ». Mais il ne s’agit plus uniquement de mots particulièrement vannetais mais d’un lexique plus général. La réédition comporte un ajout de l’auteur : « Kalz a c’herioù a oa damzianav, pa voe embannet an oberenn-mañ evit ar wech kentañ, a zo anavezet bremañ gant an holl. O lezet hon eus, koulskoude, da aesaat labour ar mouler. »
« De nombreux mots qui étaient peu connus quand cette œuvre fut éditée pour la première fois, sont maintenant connus de tous. Nous les avons cependant laissés, afin de faciliter le travail de l’imprimeur. »
Il remarque ainsi une différence dans la compréhension et l’emploi de certains mots en l’espace de quinze ans. Suite à la parution de Tristan hag Izold, Xavier de Langlais va s’attaquer au cœur de la matière de Bretagne : le cycle arthurien.
Glenn Gouthe  thèse 2021

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